Canal de Suez, Egypte
29°58
Nord 32°31Est UTC +2 Temp. : 25°
Distance parcourue : 55.942 km,
Waterloo à 3.285 km
Nous
voilà donc en Afrique. Ben, oui, un tour du monde, par définition, passe par
les cinq continents. Dès lors, même si on n’y mettra jamais les pieds, l’Egypte
étant en Afrique, et nous en Egypte, nous sommes donc en Afrique. En attestent
les myriades de mouches qui nous assaillent, et les nombreux scarabées,
(probables descendants de ceux qui ornent la tombe de Ramsès II), qui
carapatent sur le pont 13, provoquant
l’effroi des passagers de la classe Aureus (vont-ils se plaindre ?). Le convoi s’est mis en branle à cinq
heures du matin : un bateau tous les miles nautiques, escorté par deux
remorqueurs et une voiture de sécurité sur la route qui longe le canal. Entre
les deux, un mur (pire que celui de Trump) sur toute la longueur, avec une
guérite tous les cinq cents mètres. Pour être clair, si un kamikaze de
hesbollah local vient se faire exploser ici, ce sera triste pour lui mais cela
ne fera pas la une des journaux télévisés.
Parenthèse historique : Le premier canal reliant la Méditerranée à la Mer Rouge date de Ramsès II, au XIIème siècle avant J-C ! Sans cesse abandonné, détruit, reconstruit, oublié, il faudra attendre le XIXème siècle pour voir ressurgir celui qui va devenir le Canal de Suez.
En 1854, Ferdinand de Lesseps, lors d’une nuit d’insomnie, réalise que le niveau de la Méditerranée et celui de la Mer Rouge sont semblables, et qu’entre Port-Saïd (Méditerranée) et Suez (Mer Rouge), il n’y a que 162 kilomètres de sable. Il suffit donc pour les relier, de les creuser, comme tous les enfants le font spontanément à la plage. Le lendemain, dans son plus beau costume, il va proposer l’idée au Khédive Pacha. La Compagnie de Suez est créée malgré l’opposition anglaise.
La Compagnie de Suez engage 24.000 fellahs qui vont faire ça fissa, et dix ans plus tard, l’affaire est dans la poche : l’Impératrice Eugénie et le Khédive Pacha peuvent inaugurer le Canal, au son d’Aïda de Verdi, créé pour l’occasion. Cinq ans plus tard l’état égyptien en faillite revend ses parts aux perfides Anglais pour une croûte de pain.
La France aura donc la gloire, l’Angleterre les bénéfices et l’Egypte, l’addition.
Nous glissons à 9 nœuds sur les eaux calmes du canal. Du pont 14, nous avons une vue dégagée des deux berges. Celle du côté Sinaï est désertique, hormis une ville nouvelle, pharaonique, encore inoccupée, qui s’étend sur une dizaine de kilomètres (qui va venir habiter ici ?). Celle du côté africain, plus verte, est plate comme la Hollande et grouillante d’activité.
Alors que nous passons sous le pont qui enjambe la fin du canal, je ne peux m’empêcher de penser au Pont des Amériques, à Panama, qui avait, au son de « Con te partiro », symboliquement signé le début de ce tour du monde. Ici, même pas d’Aïda de Verdi, mais bien le coup de sifflet de sa fin.
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