Vous avez vu le fuseau horaire : GMT +5 ½. En clair,
cette nuit, nous avons reculé nos montres de 30 minutes. Nous avons déjà vécu
des choses spéciales lors de ce tour du monde, mais ceci, ça aura droit à une
place sur le podium. Cela ressemble tellement fort à un compromis à la belge que
je suggère que, lorsque l’Europe
décidera d’adopter ou non l’heure d’été, la Belgique adopte l’heure d’hiver +½ heure. Soit Londres : midi, Bruxelles :
midi et demie, et tous les autres : 13 heures.
6°55′ Nord 79°50′ Est UTC +5½ Temp. : 33°
Distance parcourue : 45.871 km,
Waterloo à 8.394 km
Ça avait pourtant mal
commencé. Ayant réservé depuis un an une excursion en tuk-tuk avec un jeune
Français résidant à Colombo, nous savions que nous devions le retrouver à
l’hôtel Galle Face à 9 heures. Seulement voilà, sans internet, comment savoir
où se trouve l’hôtel ? Et de plus, le Magnifica s’accastille dans le port
à conteneurs, à 4 km du centre, dont 1 à l’intérieur de la zone franche. Tout
va cependant s’arranger. Une fois descendus, nous tombons sur un sympathique
taximan qui nous propose de nous emmener
à l’hôtel pour 25$. Le jeune Français nous avait annoncé que la course coûterait
200 Roupies, soit 60 cents. Le prix du taximan est donc simplement 40 fois plus
cher. Suspicion (légitime), merci Monsieur, ce sera pour le pigeon
suivant. Vindicatifs, nous poursuivons notre course, prêts s’il le faut à
parcourir les 4 km à pied. Bien vu, dix mètres plus loin, un sympathique
chauffeur de bus nous demande s’il peut nous amener gratuitement à l’hôtel
Kingsbury. C’est loin du Galle Face ?
No.
On monte ?
On monte.
Arrivés au Kingsbury, le concierge nous montre le Galle Face, un peu plus loin, en bord de mer. Nous y arrivons festina lente à 8 heures 59. Olivier nous y attend. C’est pas beau, ça ?
No.
On monte ?
On monte.
Arrivés au Kingsbury, le concierge nous montre le Galle Face, un peu plus loin, en bord de mer. Nous y arrivons festina lente à 8 heures 59. Olivier nous y attend. C’est pas beau, ça ?
Seulement neuf heures, mais
il fait déjà très chaud, j’ouvre donc une parenthèse rafraîchissante : le
Raffles de Singapour est le premier hôtel ouvert par les Anglais en Asie, et le
Galle Face de Colombo (https://gallefacehotel.com/), inconnu (en tout cas pour moi), est le deuxième: 1864. Le
même charme british, vaisselle d’époque, ventilateurs au plafond, portier en
uniforme Sergeant Peppers.
Aux murs, les photos des innombrables célébrités qui
y ont logé : Churchill, Hemingway (dès qu’il y a un bar sympa, où que l’on
soit, on le retrouve à tous les coups), Che Guevara, Tito et… Roger Moore, avec
son pistolet d’or. La différence, c'est le prix 750$ la nuit au Raffles, 150$ au Galle Face.
Et c’est parti pour un tour des coulisses de Colombo, avec Olivier en cornac et Samir aux commandes du tuk-tuk kamikaze. Le Cobra de Walibi ou le Big Thunder de DisneyWorld, ce n’est rien à côté de dix minutes dans les rues de Pettah. Tout ça par 34°, garanti, plus un poil de sec à l’arrivée.
Et c’est parti pour un tour des coulisses de Colombo, avec Olivier en cornac et Samir aux commandes du tuk-tuk kamikaze. Le Cobra de Walibi ou le Big Thunder de DisneyWorld, ce n’est rien à côté de dix minutes dans les rues de Pettah. Tout ça par 34°, garanti, plus un poil de sec à l’arrivée.
Ça sauterait aux yeux d’un
cyclope, le mec est connu de tout le quartier. Donc, on se promène d’un
grossiste en épices à un torréfacteur de café ou un négociant en thé pendant
qu’il discute le coup avec ses copains qui nous offrent, dans l’ordre, de
croquer des fleurs de muscadier, de boire un expresso cingalais ou de déguster un
rare thé blanc.
De là, on file visiter un
temple hindou dédié à Shiva, celui-là même qui a inspiré Spielberg pour le tournage au Sri-Lanka d’Indiana Jones et le temple maudit (tiens, encore un lieu de tournage).
Sautant en chaussettes de pierre brulante en dalle surchauffée, saluant au
passage les vaches sacrées, j’arrive enfin à l’entrée. Olivier connaît les
moines, évidemment, et nous présente. On en ressort un peu plus tard, bénis par
Shiva himself, un bras rouge pour Marie-Christine, un bras blanc
pour moi, le troisième (blanc) pour Olivier, et le quatrième, discret,
dissimulé astucieusement derrière le dos.
À la sortie, surprise :
la salle des mariages est occupée, un mariage va avoir lieu, les invités
arrivent. Extraordinaire hospitalité hindoue, ils nous invitent à entrer. Les
dames (de tous âges, la petite-fille accompagne sa grand-mère) sont toutes
fières de se faire photographier dans leurs beaux saris de cérémonie. La
grand-mère, toute dent dehors (c’est la triste réalité de l’orthographe) prend
visiblement son pied.
On se retrouve donc attablés,
sur un roof-top autoproclamé, à l’ombre d’un caleçon qui sèche, à boire une « Lion »,
la bière locale, et à contempler l’inextricable bordel qui se déroule à nos
pieds comme les commentaires off d’un reportage CNN.
Le serveur, qui a
probablement des dons extralucides, nous
amène des petits poissons frits. (Pensée sadique : dire qu’il y a
500 MSC dans des cars qui photographient le Monument à l’Indépendance et le
Palais du Gouverneur en ce moment).
Au sortir, Marie-Christine,
qui a une brique dans le ventre, a encore un petit creux. Mais au Sri-Lanka,
ils n’ont pas de briques, uniquement des topazes. On se retrouve donc dans une
briquettererie sri-lankaise, où pour entrer, il faut sonner et introduire un
code.
L’air y est quinze degrés plus agréables qu’à l’extérieur, le personnel
souriant et multilingue, les prix évanescents. Une heure plus tard, les poches
alourdies de topazes et le portefeuille délesté de quelques briques, nous
remontons à bord.
Moralité : visiter une
ville avec un local compétent et sympathique peut transformer une escale
autrement sans intérêt en une addition complexe d’expériences sensorielles.
Colombo ne sera jamais un « autre stop », mais bien le souvenir d’un
slalom en tuk-tuk, du goût de l’arabica à Patta, de l’odeur des vaches sacrées
melée à celle de l’encens, de la dent noire de la grand-mère en sari et de la
fraîcheur des topazes au creux de la main. Comme dirait l’inspecteur éponyme,
je vais demander à ma femme.
MM
Ah le Galle Face (prononcer « Gaule », si je me souviens bien ?)…. Un petit déjeuner british pris sous la galerie à l’extérieur avec vue sur l’océan, constitue toujours (15 ans plus tard) un des souvenirs les plus forts de nos voyages au-delà des mers !
RépondreSupprimerBonne « route » vers Dubaï, sans aucun doute pas le même skyline qu’aux Maldives !! Et Oman n’est plus très loin, un autre grand souvenir (récent) pour nous…
J'ai une photo du petit déjeuner, vu de "votre" table, mais je ne parviens pas à la publier ici. C'est vrai que c'est sublime.
SupprimerMarine aussi a très chaud mais on s'acclimate comme elle dit et là ils sont sur la côte est après avoir fait le sud, spots de surf obligent :)Mais ils ont aussi dormi dans une cabane dans les arbres dans une réserve naturelle, les enfants ont adoré. Bisous.
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