mercredi 3 avril 2019

Singapore : a fine city

Singapour, République de Singapour
1°17′ Nord 103°51Est   UTC +8 Temp. : 32°

Distance  parcourue : 42.696 km, Waterloo à 10.567 km

Le jeu de mots n’est pas de moi, il apparaît sur tous les T-shirts de Chinatown, et je peux donc le décrypter et le resservir à souhait sans paraître ni lourd, ni cabotin. En anglais, fine signifie agréable, chouette. Singapour est une chouette ville. Personne ne dira le contraire. Mais fine signifie aussi amende. Singapour est la ville des amendes. Personne ne dira le contraire non plus. Traverser en dehors des passages pour piétons : amende. Fumer en rue ou, pire, jeter un mégot par terre : amende. Parler à plus de quatre personnes en même temps : amende. Cracher : amende. Mâcher du chewing-gum : amende. On n’osera même pas évoquer les délits plus graves. Adultère : coups de bâton. Vol, petite délinquance, dégradation de biens publics : amende, prison et beaucoup de coups de bâton. Il se dit que, si le condamné tombe dans les pommes de douleur, on arrête de le frapper, on attend qu’il revienne à lui, et on lui administre le solde. Traffic de drogue : pendaison (c’est écrit sur notre carte de débarquement). Résultat : la ville est propre, personne ne crache ni ne fume, les voitures s’arrêtent avant même que vous ne vous engagiez sur le passage à piétons, les gens sont honnêtes et tout fonctionne nickel.

Il y a un peu plus de dix ans, apparemment, la ville était encombrée et polluée. Depuis lors, à coups de plantations tous azimuts et de politiques de transport en commun (métro efficace et bon marché, taxis modernes, propres et pas chers du tout, voitures privées hors prix - les plus chères du monde-), l’air est respirable (pour rappel, on est quand même sur l’équateur), la température a été abaissée de deux degrés et il y a des fleurs partout.

Depuis ce matin, on a l’impression de vivre dans « Avatar » de James Cameron. Le jardin aux orchidées n’est pas une serre, mais un vaste parc public. Des orchidées partout : au sol, en parterres, accrochées aux arbres, sous des tunnels. Des classiques, des énormes, des minuscules, des vertes, des noires. Personne n’y touche (amende), sauf les papillons, aucun pétale au sol (jardiniers en pagaille), on s’attend à voir surgir de grands avatars bleus surgir à tout moment.

La visite de « Gardens by the bay » renforce l’inévitable comparaison avec « Avatar ». Un architecte génial a créé de grandes structures arborescentes envahies de végétation et reliées par une passerelle qui serpente entre elles à vingt-deux mètres du sol. Impressionnant.                                                                                                                     
La nuit, cela se sublime en un spectacle magique, au son des classiques les plus solennels ou émotionnants. Réellement bluffant...



Pour achever de convaincre le touriste déjà vaincu par tant de beauté, il restait la visite des serres. Ici, sous l’équateur, elles sont air-co… Passons sur la plus petite, qui ne fait  que deux hectares et n’abrite que des baobabs immenses, des cerisiers du Japon rares et des oliviers centenaires pour nous concentrer sur la plus grande, « Cloud forest », qui abrite la montagne d’Avatar itself. Il nous faudra plus d’une heure pour parcourir la passerelle qui l’entoure, passant et repassant devant et sous les cascades, les fougères, les lianes, les orchidées, les fleurs les plus improbables. C’est bluffant, je n’ai jamais rien vu de pareil. Même les Américains peuvent venir prendre des leçons.





Et ils feraient bien de venir rapidement : à la galerie « Art et Science », les petits écoliers singapouriens jouent avec les technologies de demain. En bref, avec des ordinateurs sans clavier ni écran. Plus précisément, le clavier est n’importe quoi (une table par exemple) et l’écran n’importe quoi aussi (ici, un mur). S’ils posent deux maisons sur la table, elles apparaissent sur le mur et l’ordinateur les relie par une route. S’ils dessinent  une voiture, elle apparaît sur le mur et roule entre les deux maisons. Leur petite camarade a dessiné une petite fille habillée de rouge, elle se retrouve au mur jouant avec le lion dessiné par son voisin. 

Plus loin, les gosses marchent sur l’eau d’un étang virtuel d’un are en effrayant les poissons virtuels dudit étang… J’avais déjà lu dans Science et Vie des articles sur cette avancée informatique, mais la voir là, exposée dans un Mall commercial, ça donne à penser. En Europe, on débat encore sur des questions d’un autre siècle,  tandis qu’ici des gosses de six ans se familiarisent déjà avec des technologies prototypiques… Qui va dominer le monde de demain, Madame Trucmuche?


Il reste des endroits magiques à Singapour. J’entends magique autrement que par la technologie ou l’écologie. Le Raffle’s en est un. Créé en 1889 au nom du Britannique qui développa la colonie, c’est l’hôtel mythique du coin. Fatigués par tant d’émotions, nous y sommes allés pour y déguster le Singapore Sling, un cocktail que je décrirai un autre jour si j’ai le temps. Mais, pour faire court (il se fait tard), j’ajouterai encore deux choses : 1. Il est très bon, et 2. Traditionnellement, on le déguste avec des cacahuètes servies en coque, et c’est le seul endroit de Singapour où l’on peut jeter des déchets à terre. Le sol du Raffle’s est donc jonché de coques de cacahuètes.  Very British ! 
MM

3 commentaires:

  1. Génial ! Un peu terrorisant mais ca donne envie ! Prochain voyage sur la to do de 2020 i guess.
    Bisou a vous. Margaux

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  2. C'aura été la bonne surprise du voyage!

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