vendredi 1 mars 2019

Un tiercé gagnant

Îles de la Société
                                       16° 29′ Sud, 151° 44′ Ouest   UTC -10                                  
Distance  parcourue : 25.694 km, Waterloo à 15.660 km

Après cinq jours de navigation, nous voilà donc dans les Îles de la Société, dont Tahiti, Moorea et Bora-Bora sont les plus connues. Arrivés à Papeete (prononcé PAPÉ-ÉTÉ, ce qui évite les dérapages scatologiques) un dimanche, la première impression n’est pas grandiose. Tout est fermé, sauf les églises. Tout, c’est le marché, les magasins, les restos. Vraiment tout : pour une île qui vit du tourisme, ils s’en fichent royalement, de notre arrivée ; ce qui démontre déjà un aspect de la personnalité de ses habitants : ils sont extrêmement cools, aucun stress, relax. C’est un aspect que tout confirmera par après, et c’est valable pour les trois îles, les Polynésiens sont charmants, attentionnés, souriants, et se sentent très peu métropolitains.
Vahiné à Bora-Bora

Ce qui nous frappe aussi très vite (surtout en dehors de la ville), c’est que tout est différent ou inconnu. Les arbres : il n’y en a quasi pas un qui pousse chez nous, et aucun ne pousse comme chez nous ; les branches des pins de Norfolk sont courbées vers la cime, les troncs des banians atteignent huit mètres de diamètre, la canopée des tamanus façonne la pente des montagnes, les contreforts des mapes cartographient les marais... Ajoutez à ça l’infinité d’arbres, d’arbustes florifères et de fleurs tout court (ça, on connaît mieux, on en trouver chez tout bon fleuriste de chez nous), et vous obtenez des forêts magiques (on s’attendrait à l’entendre parler et se déplacer, comme dans « Le Seigneur des Anneaux ») ou des bords de route paradisiaques. Et comme il n’y a quasi qu’une seule route (circulaire, 130 km pour Tahiti, 65 pour Moorea et 35 pour Bora-Bora), cela donne l’impression de faire le tour d’un immense jardin. Normal que les vahinés (= femme en polynésien) portent en permanence une fleur de tiaré dans les cheveux, il y en a partout. Et ce n’est pas que pour les touristes : celles qu’on croise à vélo, ou au marché, c’est pareil. Pour les touristes (ou dans les grandes occasions), c’est carrément le collier de fleurs.
Cette végétation exubérante sert évidemment de terrain de jeux aux innombrables oiseaux tropicaux, et là encore, on ne reconnaît rien. Au passage, on identifie bien un mainate ou un pétrel, mais à part ça, c’est tout un petit monde coloré qui volète et donne aux îles un aspect résolument « Avatar ». 
 Coq (sacré?), marae Titiroa, Moorea
Poule de l'Intercontinental *****
La seule exception, c’est le poulet. Sans blague, il y en a partout : le long de la route, dans les rues de Papeete, au milieu de la jungle, dans les hôtels. Ils n’appartiennent à personne, si ce n’est au paysage.
La langue polynésienne ne compte que 15 consonnes (j’ai l’impression qu’on a retiré les plus agressives), ce qui lui donne ses accents très chantés. Ma-rou-rou ! (au revoir). C’était aussi une langue parlée, ce qui explique le grand nombre de répétitions, histoire de mieux se faire comprendre (comme en français, j’en ai marre marre marre est plus clair que le simple j’en ai marre) : hono-lu-lu, bora-bora, tahiti-iti, et autres pago-pago. Vivre ici, c’est aussi enrichir son vocabulaire vernaculaire : les unu qu’on trouvait anciennement sur les uhu des marae ont gardé leur caractère sacré. Comprenez : les sculptures qu’on trouvait sur les autels des temples avant l’arrivée des Européens ont gardé leur caractère sacré. Et les temples aussi d’ailleurs, qu’on découvre un peu partout et qui sont toujours des lieux de méditation et d’offrandes.
Marae Arahurahu, Tahiti
Tiens? Une pub! (Grotte de Maraa, Tahiti)
Et puis, bien entendu, il y a la lumière et l’eau, qui interagissent pour faire briller les feuilles, colorer les fleurs, éclater les couleurs, créer 51 nuances de turquoise et 1.001 cartes postales à chaque moment de la journée. Pas fastoche d’ailleurs d’éviter d’en faire en photographiant n’importe quel paysage. Qu’est-ce que c’est beau !
Bijoux en perles, nacre et dents de requin
L’expression « la perle » (qu’on trouve dans tous les guides touristiques pour désigner n’importe quoi) trouve ici tout son sens : on trouve des fermes perlières un peu partout et le touriste avisé en aura fait le plein lors de son séjour ici.
Alors, qui sur la première marche du podium ? 

    Baie d'Opunohu, Moorea  
                                                 
Les 3 cascades, Tahiti
Approche en hélico, Bora-Bora : ce jour-là, 3 bateaux = 7.500 touristes
Mont Otemanu, Bora-Bora
Pour moi, c’est Moorea à la taille humaine, intéressante à visiter, et offrant les plus beaux paysages. En second, Tahiti et ses superbes sites archéologiques, superbes jardins et superbes cascades. Mais seconde à cause de Papeete bruyante et embouteillée (20.000 voitures qui y entrent et en sortent tous les jours par une seule et même route). Triste de voir ça sur une île autrement paradisiaque. Et en bronze, Bora-Bora (un bronze très doré quand même), en dépit des plus beaux paysages marins qu’on puisse imaginer. Sa petite taille et sa réputation attirent chaque jour des milliers de touristes. Mais donc ces milliers de touristes s’entassent chaque jour aux mêmes endroits et donc adieu au calme, à l’authenticité et au doux chant de la langue polynésienne. Ici, ça se passe en anglais, en musique et en dollars. Ça gâche quand même un peu le plaisir.
Pour Marie-Christine, c’est 1 Bora-Bora, 2 Tahiti et 3 Moorea, comme quoi…

Cela dit, on est d’accord sur un point : l’escale à la Société se sera révélée la plus belle de la croisière jusqu’ici. Et le tiercé, quel qu’il soit, avéré gagnant.
MM

2 commentaires:

  1. Vous êtes rayonnants les jeunes ! Gros bisous à vous deux !!

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  2. Merci ma belle, mais je rayonne pas des pieds ; le photographe me les a coupés... Comme d'hab!

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