jeudi 28 mars 2019

La relativité selon Monsieur Marc

                                                           Perth-Singapour                                                                Distance  parcourue : 39.943 km, Waterloo à 12.953 km, 
GMT +8, Temp. : 25°
Deuxième jour de mer en route vers Singapour : on clique sur « pause ». Et on se laisse aller. Thème du jour : passer du temps sur un bateau change la perception des choses.
Le temps se dilate : un jour aux Tonga n’est pas comparable — en durée — à une journée que l’on vit pour la dix millième fois en Belgique. Ça dépasse nettement les vingt-quatre heures. Ça se dilate dans la mémoire.
L’espace, quant à lui, est perçu de façon inverse. Plus exactement, le bateau devient le référentiel fixe,  le quartier où on vit, où on a sa maison. Après le contrôle de sécurité, à l'entrée, on y retrouve sa boulangerie où on va chercher la baguette du matin, son bar où on va taper la carte avec les habitués, son resto du soir où le chef qui vous connaît vous fait des frites à la place de la pomme vapeur, et après, ses quartiers privés où on fait sa petite lessive et où on dort. 
On rentre "à la maison", contrôle de sécurité du sac à dos
On fait sa petite lessive
Pour preuve, les passagers commencent à dire « on rentre à la maison » en revenant d’excursion, ou ne parlent plus de cabine, mais de chambre.
Le 10142, content de retrouver son "chez "soi"
Tout accrédite cette perception : le matin, en regardant par la fenêtre (pardon, le hublot), le paysage a changé. Or on n’a pas bougé (nouvelle perception de l’espace), donc, c’est le monde qui est en train de défiler devant la fenêtre (forcément fixe).   Qui n’a pas connu cette situation en train ? Assis sur son siège, on voit le train d’à côté défiler ; ça y est, on est parti. Jusqu’à ce que, ramenant son regard sur le quai, on s’aperçoit qu’on n’a pas bougé.  Bref instant de vertige…
C'est qui, qui bouge ? La terre, ou le bateau ? Ou les deux ?
Donc, comme je l’ai déjà dit plus haut, après un mois de croisière, c’est exactement pareil. Quand je sors de ma chambre, arpente le long couloir, emprunte l’ascenseur et sors sur la terrasse par la porte du lobby, si je trouve un paysage différent, c’est forcément que la terre a tourné sous le bateau puisque lui est resté mon repère fixe, quinze étages de solide plus grands que la ville où il accoste.
 Tiens, le screen-saver a changé d'image... (Bora-Bora, Khasab, Sydney)




En bateau, on ne fait pas un tour du monde, on assiste à un tour du monde, comme on regarde un film à la télé, qui reste fixe dans un salon fixe . Ce n’est pas plus faux que de dire qu’on assiste à un coucher de soleil (le soleil ne se couche jamais).  En bateau, on débarque toujours à 8 heures, où que l’on soit, midi reste toujours midi et le soleil « se couche » quand on le lui demande.
C’est à terre qu’ils n’arrêtent pas de changer d’heure pour nous compliquer la vie.
MM



2 commentaires:

  1. J'adore ! Mais comme vous me recevez pas, je vous le dirai à votre retour. Bises quand-même; on ne sait jamais, si vous me lisez...

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    1. Marrant, hein, le paysage qui défile devant la proue! Hâte d'en parler ensemble! Biz

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