samedi 23 février 2019

Entre deux eaux

                                        En mer                                            
17°32 Sud 149°33Ouest   UTC -10
Distance  parcourue : 24.748 km, Waterloo à 14.910 km

Aujourd’hui,nous avons franchi l’équateur. 
 200M derrière la passerelle, le Ruby Bar passe à son tour l'équateur


Une occasion de plus de constater qu’un voyage en bateau redonne aux choses une dimension humaine, contrairement au voyage en avion, qui déforme tout. Lors de nos déplacements au Brésil, c’est lorsque les trous d’air se font fréquents, que « fasten seat belts » s’allume et qu’on vole dans tous les sens qu’on se fend d’un « on doit sûrement passer l’équateur » résigné. En bateau, ça se mérite : trois jours de navigation pour y arriver depuis Hawaï, et encore deux pour atteindre Tahiti. Pour les marins, le franchissement de « la ligne », comme ils l’appellent, est symbolique et sujet à une tradition de baptême qui remonterait au passage du Cap de Bonne Espérance par Vasco De Gama. Ce n’est donc pas nouveau-nouveau. Nombreux sont ceux (surtout en Belgique) qui ont dans leurs caisses une photo sépia d’un proche baptisé en allant au Congo belge. En quoi ça consiste? Signifiant pour les marins le basculement vers un mode inconnu, le bateau prenait alors des allures de carnaval, où les matelots de tous rangs se déguisaient de façon burlesque. À cette occasion, le bateau se transformait en scène de théâtre où Neptune tout-puissant accompagné de diables, diablotins et autres tritons prononçait la sentence réservée aux novices. Après son exécution,  immersion dans un réservoir d’eau ; une façon de proclamer la purification du marin, et d’évaluer sa capacité à dompter cet élément. Avant d’y être plongés, les matelots étaient barbouillés de peinture et de restes de nourriture peu appétissants. 
Neptune monte à bord
Aujourd’hui, les craintes ont disparu, mais la tradition reste bien là. Version croisière de luxe, cela donne, sous les acclamations d’une foule excitée perchée aux étages extérieurs, dans une ambiance de jeux piscine du ClubMed, Neptune et sa cour remettant les clés de l’hémisphère sud au Commandant, baptisant les passagers à coup de Prosecco (MSC est italienne), les couvrant de farine (comme à la Saint-V) et de cacao avant leur bain final dans la piscine (qui se transforme vite en méga-chocolat chaud).  
 Neptune prononce ses sentences

 Le baptême, avant...
et après.
Fuyant le vacarme de la proue, Manneken-Pis eut le privilège d’être l’unique passager à admirer le spectacle grandiose de « la ligne » se confondant à la ligne d’horizon.
MM 



4 commentaires:

  1. Ah enfin... On retrouve notre Manneken-Pis avec plaisir ! On craignait déjà qu'il n'ait été kidnappé par un vilain Yankee lors d'une récente escale :-(

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    1. Je crains que ses futures apparitions ne soient fonction de mon aptitude à dominer Photoshop, ce qui n'est pas évident vu le temps dont je dispose... Aïe, aïe, aïe...

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  2. J'adore. En fait, votre tour du monde c'est aussi une énorme ouverture culturelle sur tout, mais pour ma culture personnelle et ça c'est vraiment trop cool

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  3. T'as tout compris...On ne revient pas indemne d'un tour du monde.

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